Alicia Dickenstein : les mathématiques au service de l'innovation
Mathématiques - Lauréate pour l'Amérique latine et les Caraïbes
À la pointe de l’innovation mathématique, la Professeure Alicia Dickenstein est récompensée pour son recours à la géométrie algébrique dans la biologie moléculaire. Ses travaux permettent de déterminer les structures et les comportements des molécules et des cellules, y compris à l’échelle microscopique. En créant des liens inédits avec la physique et la chimie, la Professeure Alicia Dickenstein se situe à mi-chemin entre la recherche fondamentale et les mathématiques appliquées. Mathématicienne passionnée par la collaboration avec des biologistes, elle développe une compréhension approfondie des réactions biochimiques et des réseaux enzymatiques. C’est d’ailleurs dans ce domaine que ses travaux ont eu le plus d’impact : déconstruire ces systèmes complexes permet de prédire comment la concentration d’éléments chimiques évolue au fil du temps dans les cellules. Cela pourrait, par exemple, aider à déterminer la concentration adéquate d’un médicament à administrer à un patient.
Ses débuts en mathématiquesLa Professeure Alicia Dickenstein a toujours aimé les mathématiques à l’école et se souvient du plaisir qu’elle avait à regarder des cellules au microscope. Désormais spécialiste des mathématiques appliquées à la biologie, elle a depuis parcouru un chemin exceptionnel.
Une carrière scientifique d'avant-garde
Professeure à l’Université de Buenos Aires, Alicia Dickenstein a également été élue membre de l’Académie des Sciences exactes, physiques et naturelles d’Argentine (2018) et de l’Académie nationale des Sciences de Buenos Aires (2020). Précédemment, elle a aussi été la seconde femme vice-présidente de l’Union mathématique internationale. Parmi ses nombreuses récompenses, elle a reçu le prix TWAS de mathématiques1 en 2015. Elle a également écrit et supervisé la rédaction de nombreux ouvrages de mathématiques, notamment pour enfants.
La Pr Alicia Dickenstein est spécialisée dans l’identification de modèles mathématiques computationnels pour aider les biologistes dans leurs recherches – des modèles qui peuvent être utilisés même sans connaître tous les paramètres qui régissent la vie d’une cellule. Elle a notamment mis au jour une structure mathématique récurrente dans de nombreuses voies de signalisation, qu’elle a appelée « système MESSI » (« Modifications of type Enzyme-Substrate or Swap with Intermediates ») – Modifications de type Enzyme-Substrat ou Échange avec des Intermédiaires. Cela lui a permis, ainsi qu’à ses collègues, de démontrer plusieurs théorèmes sur le déroulement de divers mécanismes biologiques.
« Je crois que la science est une entreprise collective et je suis fière d’avoir établi de nouveaux liens entre les mathématiques et des applications scientifiques du quotidien, d’aider les chercheurs à faire de nouvelles découvertes dans plusieurs domaines. Mon rêve est que la science nous permette de prévenir les maladies les plus douloureuses et de créer un monde dépollué. »
La place des femmes dans le domaine scientifique
Dans un secteur scientifique où il y a très peu de chercheuses, la Pr Alicia Dickenstein avance avec la certitude que les femmes peuvent faire ce qu’elles souhaitent – une conviction forgée de longue date, à l’école et dans sa famille. Elle est cependant consciente des obstacles auxquels les femmes scientifiques sont confrontées pour accéder aux mêmes opportunités que celles des hommes, et des discriminations de genre, parfois ténues mais non moins persistantes dans la société.
Pour la Professeure Alicia Dickenstein, les bienfaits de l’égalité de genre dans les sciences sont très clairs :
« Si nous faisons l’hypothèse naturelle que le talent est distribué de manière égale, nous perdons énormément de potentiels s’il n’y a pas la parité. »
Parmi les signes annonciateurs de ce changement, elle remarque la reconnaissance accordée à des femmes au plus haut niveau scientifique, avec le prix Abel en mathématiques (2019) ou les derniers prix Nobel de physique et de chimie (2020). Il y a pourtant encore du chemin à parcourir pour atteindre l’égalité de genre dans les sciences.