Professeure Frances Kirwan

L'un de ses premiers souvenirs mathématiques est celui de son père lui expliquant la preuve que la somme des angles d'un triangle est égale à 180 degrés. L'idée qu'une telle chose (ou le théorème de Pythagore) puisse être prouvée comme étant toujours vraie était très séduisante. Dans son enfance, les missions Apollo sur la lune et la possibilité de décrire mathématiquement le mouvement des planètes et des étoiles ont attiré son attention. Bien qu'elle se soit également intéressée à l'histoire et aux langues classiques, à l'université, la professeure Kirwan a consacré ses études aux mathématiques, désireuse d'approfondir ses connaissances dans cette discipline fascinante. 

Un moment "eurêka" s'est produit lorsqu'elle a collaboré avec la mathématicienne canadienne Lisa Jeffrey pour prouver une célèbre formule de physicien ; alors qu'elle donnait le bain à ses enfants un soir, un argument mathématique potentiel lui est venu à l'esprit et il s'est avéré qu'il complétait la preuve qu'ils recherchaient. La collaboration avec le professeur Jeffrey a été essentielle pour donner de l'élan à la carrière de la professeure Kirwan et de nombreuses autres collaborations locales et internationales ont été tout aussi importantes par la suite.  

La professeure Kirwan a eu la chance d'avoir des enseignants et des collègues qui l'ont soutenue tout au long de sa carrière. Lorsqu'elle était étudiante diplômée, puis membre du corps enseignant de l'Institut de mathématiques d'Oxford dans les années 1980, dix femmes occupaient des postes permanents au sein du département, ce qui lui a permis d'avoir des mentors et des modèles féminins et masculins. Elle est tout à fait favorable à davantage de diversité entre les genres dans le domaine scientifique. "Il est très important d'avoir des modèles diversifiés", dit-elle, notant que cela est particulièrement crucial dans des domaines tels que les mathématiques, la physique théorique et l'informatique. Elle croit en l'importance de la circulation des idées entre les différentes disciplines scientifiques, ce qui nécessite le travail acharné de nombreuses personnes dépassant les frontières traditionnelles pour transformer les découvertes mathématiques en applications pratiques qui changent la donne. Au début de sa carrière de chercheuse, elle a été enthousiasmée par les interactions émergentes entre la géométrie algébrique et la physique théorique et, plus récemment, elle a observé des liens importants avec les sciences biologiques. En effet, la collaboration avec divers scientifiques lui a permis de donner un élan considérable à son propre parcours scientifique. 

Au-delà, son rêve est que "la science en général fournisse des solutions à la crise climatique que les politiciens du monde entier seront prêts à adopter à temps pour protéger l'environnement pour les générations futures". 

Soutenir davantage de femmes souhaitant se lancer dans une carrière en mathématiques est une passion pour la professeure Kirwan, qui a consacré beaucoup de son temps et de ses ressources à encourager les filles et les jeunes femmes à s'orienter vers les mathématiques aux niveaux national, européen et international. Par l'intermédiaire de la London Mathematical Society et du United Kingdom Mathematics Trust (dont elle a présidé les conseils à différentes époques), elle a participé à l'organisation d'activités enrichissantes pour les filles au niveau de l'école secondaire, telles qu'un concours de mathématiques appelé l'Olympiade Européenne de Mathématiques pour les Filles. Pendant un certain temps, elle s'est fortement impliquée dans l'association European Women in Mathematics, grâce à laquelle elle a aidé à coordonner la première conférence internationale des femmes mathématiciennes à Hyderabad, en Inde, en 2010, organisée en partenariat avec le Congrès international des mathématiciens. Elle a reçu de nombreuses récompenses, dont celle d'avoir été la première femme élue à l'une des plus anciennes et des plus prestigieuses chaires de mathématiques de l'Université d'Oxford (chaire savilienne de géométrie), créée en 1619.  

La professeure Kirwan estime que de nombreuses femmes mathématiciennes s'engagent à contribuer à la réalisation d'un avantage sociétal ou environnemental par le biais de leurs recherches. "Je recommanderais sans réserve une carrière en mathématiques. Il y a tant de domaines intéressants à explorer et de possibilités de collaborer avec des scientifiques de diverses disciplines pour faire des découvertes qui pourraient contribuer à rendre notre monde meilleur. "