Revivez la Cérémonie Internationale L’Oréal - UNESCO Pour les Femmes et la Science 2018
À l’occasion de son 20e anniversaire, les acteurs du programme L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science ont présenté jeudi 22 mars 2018 l’initiative Les Hommes s’engagent pour les femmes en science, qui mobilise une vingtaine de leaders scientifiques masculins. Retour sur les mots et idées fortes qui ont marqué la cérémonie.
Une détermination commune pour avancer
En 2017, le groupe L’Oréal a été reconnu comme l’entreprise la plus performante au niveau mondial en matière d’égalité hommes-femmes1.
Au niveau sociétal, Jean-Paul Agon, Président Directeur Général de L’Oréal, est optimiste : « Faisons confiance à l’avenir pour parvenir à une égalité pleine et entière dans la science comme dans la société, mais avant tout faisons confiance à notre volonté et à notre détermination commune pour la faire avancer. »
Dans la même veine, Alexandra Palt, Directrice Générale de la Fondation L’Oréal, et Directrice Générale en charge de la RSE, qui travaille depuis 25 ans sur les questions d’égalité hommes-femmes, déclare : « Pour opérer une transformation à l’échelle d’une société, il faut plusieurs choses. Il faut bien sûr les précurseurs, celles qui militent sans relâche contre la discrimination (…). Mais pour arriver à un point de bascule, il faut la mobilisation de tous. Pour construire cette société, il nous faut des femmes et des hommes. »
Encourager les femmes scientifiques du monde entier
L’UNESCO œuvre pour que les femmes du monde entier puissent prendre la place qui leur revient dans la société, notamment dans les sciences en partenariat avec la Fondation L’Oréal.Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO et ex-Ministre de la Culture, partage son émotion : « Venant d'Argentine, du Canada, de Chine, d’Afrique du Sud ou du Royaume-Uni, ces femmes démontrent le rôle que chacune peut jouer dans les sciences à travers le monde. C’est le sens et le cœur même du programme Pour les Femmes et la Science. J’aimerais dire à toutes ces femmes scientifiques que nous les admirons pour ce qu’elles ont accompli et qu’elles vont continuer à accomplir. Nous avons besoin d’elles. »
Partager ses convictions
Fortes de leur expérience de recherche de haut niveau dans les sciences physiques et sciences de la vie, les lauréates du Prix L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science 2018 partagent leurs convictions.
Dame Caroline Dean,Professeure au John Innes Centre auRoyaume-Uni, affirme : « Lorsque vous regardez autour de vous, on considère que les femmes qui réussissent sont agressives et les jeunes femmes dynamiques sont autoritaires. Cela doit changer ! (…) Nous devons encourager nos jeunes femmes scientifiques à dépasser leurs doutes, à continuer et à viser haut. Elles pourront sans aucun doute allier carrière et vie familiale épanouie. »
Janet Rossant, Scientifique au sein de The Hospital for Sick Children, Professeure à l’université de Toronto et Présidente de la Fondation Gairdner au Canada, propose une comparaison: « Gérer un laboratoire de recherche, c’est comme gérer une équipe de football. Je suis le coach, mais il nous faut des supporters, des sponsors et évidemment une équipe avec une diversité de talents qui feront son succès. Et derrière tout cela, nous avons besoin d’un fort soutien familial. »
Heather Zar est Professeure, Chef du service Pédiatrie et Santé infantile au Red Cross War Memorial Children’s Hospital, et Directrice du SAMRC (South African Medical Research Council) à l’université du Cap, en Afrique du Sud. Celle qui a développé des tests permettant de diagnostiquer la tuberculose et la pneumonie chez les enfants, est déterminée : « La santé infantile est une préoccupation majeure et un enjeu pour chacun d’entre nous. Chaque jour des millions d’enfants souffrent, meurent avant l’âge de trois ans et beaucoup d’autres sont en mauvaise santé. La santé de l’enfant aujourd’hui, c’est la santé de l’adulte qu’il ou elle sera demain. Les enfants sont notre futur, c’est le moment de mettre la science au service de la santé de nos enfants et de nos populations. »
Amy T. Austin, Professeure à la faculté d’agronomie de l’Université de Buenos Aires en Argentine et experte du réchauffement climatique, met en garde : « Le monde change et il change plus vite qu’il ne semble avoir jamais évolué. Nous avons accès au progrès technologique, à la digitalisation, à l’information, à la mondialisation et nous avons créé un monde d’opportunités (…). Mais plus n’est pas mieux, plus vite n’est pas plus efficace ! Notre empreinte environnementale est trop importante et le pouvoir de notre écosystème à nous sauver de nous-mêmes est substantiel mais pas infini. »
Enfin, Meemann Chang, Professeure à l’Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie, et Membre de la Chinese Academy of Sciences à Beijing, confie : « J’ai commencé à étudier la paléontologie il y a environ 60 ans, lorsque j’étais étudiante à l’Université d’État Lomonosov à Moscou. À ce moment-là, mon choix de carrière n’était en fait pas le mien. Il était arrangé, comme on arrange un mariage. Nous avons un dicton en Chine : Se marier d’abord, ensuite faire la cour ! »
Lutter contre les biais et les préjugés
Également engagées pour que la science fasse plus de place aux femmes, Tebello Nyokong, Anne Pépin et Molly S. Shoichet, font un état des lieux de l’égalité hommes-femmes à travers leurs expériences. Tebello Nyokong est chimiste, Professeure à l’Université Rhodes en Afrique du Sud et lauréate du Prix L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science en 2009. « Selon un dicton, plus on monte dans la hiérarchie, plus on est seul, mais c’est encore plus vrai lorsque l’on est la seule femme dans un cercle d’hommes. Ces hommes ne vont pas vraiment vous intégrer et vous n’avez pas de femmes à qui parler. Les femmes doivent s’entraider ! » déclare-t-elle.
Docteure Anne Pépin, en charge à la Commission européenne des questions d’égalité femmes-hommes, assure : « Toutes les recherches publiées qui ont un rapport direct ou indirect avec l’humain devraient prendre en considération les problématiques et différences liées au genre. C’est une approche qui pourrait aussi faire évoluer les connaissances de la recherche. »
Molly S. Shoichet,chimiste, Conseillère scientifique auprès du gouvernement de l’Ontario et lauréate du Prix L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science en 2015 décrit la situation outre-Atlantique : « En Amérique du Nord, nous avons un biais inconscient partagé par les hommes et les femmes sur ce qu’une femme devrait faire et peut-être ce qu’un homme devrait faire. C’est un véritable défi [de surmonter cela]. »
Des leaders scientifiques engagés
Cédric Villani et Etienne Klein font partie de la vingtaine de leaders scientifiques masculins signataires de la charte d’engagements Les Hommes s’engagent pour les femmes en science.
Cédric Villani,Professeur à l’Université Claude-Bernard Lyon I, mathématicien récompensé de la médaille Fields en 2010 et actuel député LREM, est catégorique :« Nous ne pouvons pas accepter que seuls les hommes soient en charge d’enfanter le monde de demain. C’est notre responsabilité collective d’agir. Les hommes doivent eux-aussi faire plus de place aux femmes, de manière proactive. »
Etienne Klein,philosophe des sciences et directeur de recherche au CEA, s’engage pleinement :« Je soutiens et je salue l’initiative Les Hommes s’engagent pour les femmes en science puisqu’elle est évidente, empirique et incontestable. Dès l’Antiquité, Platon imaginait une République où rien n’exclue que les femmes puissent accéder aux plus hautes fonctions. »
En mobilisant les hommes, mais aussi les femmes sur les cinq continents, la Fondation L’Oréal et l’UNESCO donnent au programme Pour les Femmes et la Science une nouvelle ampleur. Une initiative forte et ambitieuse pour changer le système de l’intérieur et construire ensemble le monde de demain.
1Source : Equileap, 2017